Sur les traces de leurs aïeuls qui fuyaient alors la famine, les jeunes Espagnols repartent tenter leur chance en Argentine. Ils sont le plus souvent diplômés et qualifiés dans un pays où le taux de chômage des jeunes est de 40%.Lire la suite l'article
Victoria baisse soudainement la voix, jusque-là marquée par l'accent tonique de Malaga (Andalousie) :
« Je n'en ai pas parlé à mes parents. J'attends d'être sûre parce qu'ils ne vont pas apprécier. »
Non, Victoria n'est pas une adolescente qui voudrait se faire un tatouage en cachette mais une femme de 35 ans, enceinte de six mois. Son terrible secret ? Si son maçon de mari ne trouve pas de travail rapidement, ils partiront avec leur nourrisson tenter leur chance en Argentine.
« Il est Argentin et ses amis nous disent que là-bas il pourra trouver quelque chose, c'est sûr, même si ça ne sera pas forcément bien payé. »
Secrétaire dans un club automobile, Victoria apporte pour l'instant le seul salaire à la famille.
« Mais ici, tout est instable avec la crise. »
Lui est arrivé il y a déjà dix ans en Espagne, en plein boom économique gonflé par une bulle immobilière qui faisait pleuvoir les boulots bien payés pour les maçons comme lui.
« Il a toujours travaillé depuis son arrivée. Jusqu'à l'année dernière. Depuis, rien du tout. »
Le couple vient justement de fêter son premier anniversaire de mariage.
Cinq millions de chômeurs, les « Gachegos » repartent
Si elle se décide, Victoria retrouvera à Buenos Aires de nombreux Espagnols partis sur les traces de leurs aïeuls qui pensaient aussi à l'époque que l'Eldorado se trouvait du côté de l'Amérique latine.
La plupart venaient alors de Galice, verte région du nord de l'Espagne qui s'est vidée d'une population affamée : quelques deux millions de personnes seraient parties, en différentes vagues, entre 1860 et la fin du XXe siècle. (Voir la vidéo)
Pour les Argentins, tous les Espagnols sont d'ailleurs encore souvent des « Gallegos », ou plutôt « Gachegos » selon la prononciation en vigueur avec le célèbre accent séducteur argentin.
Alors que le taux de chômage chez les jeunes dépasse 40% en Espagne et que près de cinq millions de personnes ne trouvent pas d'emplois, la forte croissance qu'affichait l'Argentine en 2010 a de quoi faire rêver.
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