Le roi de Bahreïn a invité "toutes les parties" à entamer un dialogue national pour tenter de résoudre la crise politique qui a fait six morts et des centaines de blessés dans cet archipel du Golfe allié des Etats-Unis.Lire la suite l'article
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Le principal bloc d'opposition chiite du pays, le Wefak, a rejeté cette offre samedi.
"Nous ne sentons pas une véritable volonté de nouer le dialogue étant donné la présence de l'armée dans les rues", a déclaré à Reuters Ibrahim Mattar, membre de cette formation qui a quitté le parlement jeudi.
Plus de 60 personnes étaient hospitalisées samedi après avoir subi les tirs de forces de l'ordre la veille alors qu'elles prenaient la direction de la place de la Perle, à Manama, la capitale.
Les manifestants, pour la plupart chiites, réclament des réformes politiques et sociales dans le royaume dirigé par la famille sunnite des Khalifa.
Face à cette vague de contestation, le roi Hamad bin Isa al Khalifa a déclaré vendredi que le prince héritier avait "tout pouvoir pour réaliser les espoirs et les aspirations de l'ensemble des citoyens issus de toutes les couches de la société."
Lors d'un entretien téléphonique avec le souverain, vendredi soir, le président américain, Barack Obama, a condamné la violence et a appelé les autorités à faire preuve de retenue.
La stabilité de Bahreïn, dont la capitale Manama est le port d'attache de la Ve flotte de l'US Navy, dépend du respect des droits du peuple de Bahreïn, a-t-il ajouté selon la Maison blanche.
Le soulèvement populaire constitue un dilemme pour les Etats-Unis, déchirés entre leur désir de stabilité dans un pays allié et le respect du droit à manifester pour un changement démocratique.
"Cette violence est exactement ce que l'administration et les Etats-Unis voulaient éviter", relève Robert Danin, spécialiste du Moyen-Orient du groupe de réflexion Council on Foreign relations.
Dans un communiqué, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, s'est dit "alarmé" par les tirs de soldats sur les manifestants. "Il s'agit d'un fait extrêmement préoccupant."
Le prince héritier, le cheikh Salman ibn Hamad al Khalifa, a lancé un appel au calme.
"C'est le moment de s'asseoir et de discuter, et non de se battre", a-t-il déclaré à la télévision.
LES CHIITES SE SENTENT DISCRIMINÉS
En 1999, le roi a promulgué une constitution autorisant l'élection d'un parlement doté de certains pouvoirs mais la famille royale domine toujours un cabinet dirigé par l'oncle du roi qui gouverne depuis 40 ans.
Les musulmans chiites de Bahreïn, qui représentent 70% de la population, s'estiment discriminés en matière d'emploi, de services sociaux, des services publics et de logement.
Les Etats-Unis et l'Arabie saoudite considèrent le royaume comme un bouclier contre l'Iran, majoritairement chiite. Riyad redoute notamment une propagation des manifestations dans sa minorité chiite, regroupée dans l'est du pays.
Selon Elon Ali Ibrahim, chef de l'équipe médicale à l'hôpital Salmaniya, 66 personnes ont été admises après les affrontements et quatre se trouvent dans un état critique.
Un manifestant, Fakhri Abdullah Rashed, a indiqué avoir vu des policiers tirer sur des manifestants place de la Perle.
"J'ai vu des gens touchés à plusieurs endroits. C'était des tirs à balle réelle", a ajouté le manifestant.
L'armée a repris jeudi par la force le contrôle de la place que les manifestants espéraient transformer en point de ralliement de la contestation à l'image de la place Tahrir au Caire.
Plusieurs milliers de chiites se sont rassemblés vendredi pour enterrer trois des leurs tués lors d'une intervention qualifiée de "massacre" par le dignitaire chiite le plus en vue du royaume, le cheikh Issa Kassem.
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