Hassan Ibrahim, un électricien père de trois enfants, espère que la révolution égyptienne va lui permettre de tourner la page de sombres années pendant lesquelles il vécu dans la crainte de ne pas pouvoir nourrir sa famille.Lire la suite l'article
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Le 28 janvier dernier, il faisait partie des millions de manifestants à défiler dans les rues du pays, dont la hausse du taux d'inflation des prix alimentaires est l'une des plus rapides au monde, lors d'un mouvement de contestation sans précédent qui a eu raison vendredi dernier du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis près de 30 ans.
La démission de Moubarak la semaine dernière a été accueillie par des cris de joie mais une semaine après, les Egyptiens, qui cherchent à se réapprovisionner, font face à des rayons vides et à des prix élevés. Quant à Ibrahim, il n'a pu encore constater aucune amélioration sur sa vie quotidienne.
Le prix de la nourriture et des boissons ont d'ores et déjà bondi de 18% sur un an le mois dernier alors que le salaire d'Ibrahim, lui, stagnait.
Pendant que des manifestants réclamaient le départ du raïs, d'autres Egyptiens accumulaient des provisions de première nécessité et remplissaient des sacs avec le traditionnel pain brun égyptien avant le couvre-feu.
"Les prix ont augmenté plus fortement les jours de manifestations, tout le monde s'empressant de stocker de la nourriture pendant le couvre-feu."
L'inflation est un nouveau casse tête pour les autorités qui tentent de restaurer la confiance dans une économie frappée par des grèves et la fermeture des banques.
Assurer l'approvisionnement en nourriture est d'autant plus important que l'Egypte, par le passé, a connu des émeutes de la faim qui ont conduit l'armée à intervenir pour rétablir le calme ou distribuer des provisions.
Le pays importe la moitié de sa consommation intérieure et la révolution est survenue sur fond de flambée des prix alimentaires au niveau mondial.
APPROVISIONNEMENT FAIT DÉFAUT
Les commerçants ont indiqué que la dernière hausse des prix avait été constatée lorsque, paniqués et redoutant une pénurie, les Egyptiens s'étaient rués dans les magasins pour acquérir les produits de première nécessité.
"Les prix ont augmenté à la fois pour les commerçants que les clients", souligne Omm Mahmoud qui vend des fruits et des légumes dans la banlieue du Caire. "Maintenant, cela me coûte plus cher de faire transporter mes biens des fermes à la ville et je dois répercuter ces coûts."
Et quand les prix ne sont pas un problème, c'est l'approvisionnement qui fait défaut.
"Dans les boutiques publiques les prix sont raisonnables mais l'approvisionnement est insuffisant, donc je dois acquérir le reste de ma marchandise dans des magasins qui doublent les prix", explique Magda Hussein, femme au foyer de 53 ans.
Comme de nombreux manifestants, Ibrahim rend responsable de la hausse des prix Moubarak qui a dirigé pendant près de trente ans un pays où un cinquième de la population vit avec moins de deux dollars par jour selon les Nations unies.
A plusieurs reprises, Ibrahim a emmené ses enfants place Tahrir, épicentre de la révolution au Caire, pour leur apprendre la valeur de la démocratie.
"Je sais que le coût de la vie et le taux de chômage vont augmenter mais c'est un prix que je suis prêt à payer pour que la révolution soit un succès. Je veux que mes enfants vivent dans un pays libre."
LES DIFFICULTÉS DEVRAIENT DURER
John Sfakianakis, chef économiste à la banque Saudi Fransi, a déclaré que Moubarak avait payé le prix de la hausse des inégalités, du taux élevé du chômage et de l'inflation.
"L'inflation des prix alimentaires va se poursuivre pour devenir un problème majeur", a-t-il dit.
Les prix de la nourriture devraient restés élevés en raison de la tempête de neige qui a frappé les Etats-Unis et des inondations qui ont touché l'Australie.
Selon Beltone Investment Bank, les souffrances du peuple égyptien devraient perdurer quelque temps.
"Cette hausse des prix va se poursuivre en février et probablement pendant plusieurs mois même si cela va largement dépendre de la situation politique', note-t-elle.
Sfakianakis s'attend à ce que l'inflation des prix en Egypte continue sur sa lancée en 2011 pour atteindre près de 20% sur un an.
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