De violents affrontements ont opposé mercredi partisans et adversaires du président égyptien Hosni Moubarak sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, malgré l'appel de l'armée à la fin des manifestations.Lire la suite l'article
PHOTOS/VIDÉOS LIÉES
L'annonce mardi soir par le "raïs" qu'il ne briguerait pas un sixième mandat présidentiel en septembre mais voulait garder les rênes du pouvoir jusque-là pour assurer la transition n'a pas suffi à désarmer les manifestants, qui se sont rassemblés dès le matin dans le centre de la capitale.
Les appels se sont multipliés à travers le monde, venant notamment des Etats-Unis, d'Europe et de Turquie, pour inciter le président égyptien à lancer sans attendre le processus de transition politique afin d'éviter de nouvelles violences et de garantir la stabilité du pays. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a rejeté ces appels qui ne peuvent, selon lui, qu'"envenimer la situation".
La tension a franchi une nouvelle étape avec l'entrée en scène des partisans du président. Montés sur des chevaux et des chameaux, armés de fouets, de bâtons et de pierres, une cinquantaine d'entre eux ont chargé en milieu de journée les manifestants antigouvernementaux sur la place Tahrir.
Selon la chaîne de télévision Al Djazira, des soldats ont tiré en l'air pour tenter de disperser les groupes rivaux, mais l'armée a démenti cette information. Un journaliste de Reuters a vu des hommes en civil tirer en l'air. Des cocktails Molotov ont été lancés et ont provoqué des débuts d'incendie.
DES CENTAINES DE BLESSÉS
De source médicale, on parle de 400 blessés. Un reporter de Reuters a vu des dizaines de personnes le visage en sang à la suite des échauffourées. Sous la pression de leurs adversaires, de nombreux opposants ont fui cette place de la Libération, leur lieu de rassemblement emblématique depuis le 25 janvier.
Certains affirment que des policiers en civil étaient mêlés aux partisans de Moubarak, ce qu'a démenti le ministère de l'Intérieur.
Environ 1.500 partisans de l'opposition, moins que les jours précédents, s'étaient rassemblés dans la matinée sur la place pour exiger le départ immédiat de Hosni Moubarak, 82 ans, au pouvoir depuis près de trente ans.
Plusieurs centaines de leurs amis venus du nord de la ville avaient tenté de venir en renfort mais ils ont été repoussés par les partisans de Moubarak, dont certains sont montés sur des véhicules de l'armée pour leur lancer des pierres.
L'opposant et ancien directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohamed ElBaradeï, a affirmé avoir des preuves que des policiers en civil étaient impliqués dans les affrontements.
Il a souhaité que l'armée sorte de sa neutralité et a dit s'attendre à ce qu'elle intervienne "dans la journée" pour "protéger les Egyptiens", selon Al Djazira. Il a dit espérer que Moubarak s'en irait "avant vendredi", jour de grande prière où l'opposition veut organiser des rassemblements massifs.
COUVRE-FEU ALLÉGÉ
Le couvre-feu a été allégé et court désormais de cinq heures du soir à sept heures du matin, au lieu de trois heures de l'après-midi à huit heures du matin, et internet a commencé à être rétabli au Caire et dans d'autres villes comme Alexandrie.
Malgré ces mesures d'apaisement, l'opposition continue à exiger le départ immédiat de Moubarak et a redit qu'elle ne voulait dialoguer qu'avec le vice-président Omar Souleimane.
Mardi, des manifestations ont rassemblé plus d'un million de personnes à travers le pays. Cette journée de mobilisation, après une semaine de manifestations qui ont fait 300 morts et plus de 3.000 blessés selon l'Onu, a confirmé l'ampleur d'un mouvement qui ne cesse de se renforcer.
L'armée a demandé la fin des manifestations. "Les forces armées vous lancent un appel (...) Vous êtes descendus dans la rue pour faire entendre vos exigences et vous seuls êtes en mesure de permettre le retour à la vie normale", a déclaré mercredi matin à la télévision un de ses porte-parole, ajoutant que les demandes des manifestants avaient été entendues.
L'armée avait jugé "légitimes" lundi les revendications de la population et fait savoir qu'elle ne tirerait pas sur la foule.
Face à la contestation croissante, le président américain Barack Obama est intervenu directement dans la crise, estimant que le changement politique devait débuter immédiatement en Egypte. Il a prononcé une brève allocution à la Maison blanche mardi soir après un entretien téléphonique d'une demi-heure avec Hosni Moubarak.
"Ce qui est clair et ce que j'ai indiqué au président Moubarak est que mon sentiment est que la transition politique doit être profonde, qu'elle doit être pacifique et qu'elle doit commencer maintenant", a dit Barack Obama, qui a demandé à l'armée égyptienne de garder son attitude de neutralité.
Le président français Nicolas Sarkozy, comme d'autres dirigeants européens, a lui aussi exhorté Hosni Moubarak à engager "sans tarder" un processus de transition "concret" et sans violence. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a tenu le même langage.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est dit "profondément préoccupé" par la violence en Egypte et a jugé inacceptables les attaques contre des manifestants pacifiques. Il a appelé toutes les parties à la retenue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire