Réclamée avec insistance depuis plusieurs jours par les manifestants tunisiens, une nouvelle composition du gouvernement transitoire sera présentée mercredi par son porte-parole officiel Taïeb Baccouche, a annoncé mardi soir l'agence gouvernementale TAP.Lire la suite l'article
Les postes vacants concernent trois membres du gouvernement relevant de la centrale syndicale UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens) ainsi que le ministère de la Santé publique, initialement confié au Dr Mustapha ben Jaâfar, chef du forum démocratique pour les libertés et le travail (FDLT-opposition) et celui de la Réforme administrative dont a démissionné par la suite Zouhair Medhaffer.Cette nouvelle composition est l'aboutissement de consultations qui se sont poursuivies mardi pour pourvoir aux postes ministériels restés vacants et apporter des aménagements à l'équipe initiale, ajoute la TAP.
Les changements porteront également sur de nouvelles nominations dans le corps des gouverneurs (préfets) et à la tête de certaines ambassades qui seraient occupées par des proches de l'ancien régime.
L'agence TAP fait état de plusieurs mesures visant à apporter des aides urgentes aux familles des victimes ainsi qu'aux commerçants qui ont subi des dégâts lors des troubles qui ont secoué la Tunisie depuis la mi-décembre et provoqué le départ du président Zine el Abidine Ben Ali.
Par ailleurs, le gouvernement transitoire a décidé d'allouer une subvention mensuelle de 150 dinars (environ 80 euros) pour les diplômés chômeurs qui bénéficieront en outre d'une couverture sociale et de tarifs préférentiels dans les transports, selon la TAP.
Dans l'attente des changements dans la composition du gouvernement transitoire, les manifestations se sont poursuivies mardi à Tunis et dans plusieurs régions de l'intérieur du pays.
Des centaines de participants à "la caravane de la liberté" venus du centre-ouest tunisien continuaient de camper sur la place de la Kasbah, devant le palais du gouvernement, pour réclamer le départ des caciques de l'ancien parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD).
Signe d'une reprise plus marquée de l'activité administrative et économique, la circulation piétonne et des véhicules était plus dense que les jours précédents dans la capitale.
Cafés, restaurants et autres commerces et moyens de transport en commun connaissaient une animation presque normale dans la matinée.
Dans l'après-midi, et pour la première fois depuis la mise en place de l'équipe de transition dirigée par le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, un grand rassemblement pro-gouvernemental a eu lieu sur l'avenue Bourguiba, face au théâtre municipal de Tunis.
Plus de 2.000 manifestants sont descendus sur l'artère principale de la capitale, s'en prenant en particulier au patron de la centrale syndicale, l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), Abdessalem Jrad, pointé du doigt pour être à l'origine des grèves et des entraves à la reprise de la vie normale.
"Jrad dégage, Ghannouchi courage", "Vive la démocratie, non à l'anarchie", "UGTT dégage, laissez-nous étudier et travailler", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants. D'autres proclamaient que "les abus de la liberté tuent la liberté", ou encore "Jrad, tu n'échapperas pas à la commission d'enquête sur ton patrimoine".
"Abdessalem Jrad était le dernier à avoir rencontré (le président déchu) Ben Ali, aujourd'hui il retourne sa veste", a accusé Chaïbi Mohamed Anis, fonctionnaire âgé de 33 ans.
Un autre manifestant a cependant vu dans cette manifestation pro-gouvernementale et anti-Jrad "le début d'une scission". "C'est le plus grand danger qui puisse menacer notre glorieuse révolution par des forces occultes intérieures et extérieures", a-t-il jugé, sous le couvert de l'anonymat.
A Gafsa, chef-lieu du bassin minier du centre-ouest tunisien, secoué par des troubles sociaux en 2008, il a fallu l'intervention de l'armée, qui a tiré en l'air, pour mettre fin aux accrochages opposant des groupes divergents devant le siège de l'union régionale syndicale.
Parallèlement, un haut responsable américain, en visite en Tunisie, le sous-secrétaire d'Etat pour le Proche-Orient Jeffrey Feltman, a salué "l'exemple tunisien pour des réformes dans les pays arabes qui répondront aux aspirations légitimes politiques, sociales et économiques des populations, surtout si elles sont revendiquées de manière légale et pacifique".
Il a plaidé pour la stabilité de la situation en Tunisie qui, selon lui, dépendra des élections attendues dans six à sept mois. "Ce sont les élections qui détermineront la crédibilité et le caractère démocratique du gouvernement", a-t-il déclaré à la presse. AP
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