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samedi 12 février 2011

Bénin: Yayi, seul contre tous


On le savait en difficulté avec la classe politique mais l’annonce des candidatures pour l’élection présidentielle montre la gravité du danger qui guette Boni Yayi. Hormis Joachim Dahissiho et Joseph Biokou, les deux qui semblent plus ou moins favorables à Boni Yayi, les vingt autres iront en campagne contre  lui. Le compte à rebours a commencé. A quelques jours de l’élection présidentielle, les adversaires de Boni Yayi ne se comptent plus au bout des doigts. En témoigne la liste des candidats qui annonce des brouillards à l’horizon pour Boni Yayi et qui lui permettra d’amplifier l’isolement politique dont il est victime. Ce n’est donc plus le candidat unique de l’Union fait la nation (Un) et Abdoulaye Bio Tchané coopté par une grosse coalition qui donnent de l’insomnie au président Yayi. Il devait désormais se mordre les doigts en voyant certains de ses alliés de première heure se liguer contre lui au point d’en faire une querelle de personne. Du nord au sud, Boni Yayi est en difficulté. Pour une première fois, la bataille pour le contrôle du Nord ne sera pas chose aisée avec la multiplicité des candidats. En dehors donc d’Abdoulaye Bio Tchané dont la candidature était dans le starting block depuis près de deux ans, Yayi doit affronter quatre autres candidats originaires du septentrion. Il s’agit du docteur Kessilé Tchalla, son ancien ministre de la santé. Cet illustre médecin urologue, originaire de Ouaké a été  d’un grand soutien pour la victoire de Boni Yayi en 2006. Il possède un carnet d’adresses bien garni, compte d’éminents présidents de la république parmi ses amis et dispose d’un projet de société assez ambitieux. Sa candidature s’annonce comme une grosse menace pour Yayi dans le département de la Donga surtout si celui-ci se décide à déballer sur la place publique une partie de ses déboires avec Yayi. Dans l’Atacora, Boni Yayi devait aussi affronter deux autres candidats de taille. Le premier est Cyr M’po Kouagou. Ingénieur des mines et de l’hydraulique, il était  précédemment Directeur général de la Communauté électrique du Bénin (Ceb) de 1997 jusqu’en 2006 où il a été remercié par le pouvoir du changement. Originaire de Boukoumbé, sa candidature aura forcement une emprise sur ses frères Otammari rependus dans les communes de Boukoumbé, Natitingou, Kouandé, Tanguiéta, Matéri…Comme lui, Antoine Dayori, député et deuxième vice président de l’Assemblée nationale a accepté de se présenter pour l’élection présidentielle et pourra une seconde fois mener la vie dure à Boni Yayi dans l’Atacora nord où il est très adulé. Dans l’Alibori, l’honorable Issa Salifou qui est décidé à faire partir Boni Yayi et lui a clairement signifié de lui rendre la vie difficile dans ses fiefs de Malanville, Karimama et à Kandi où il est épaulé par son compère Chabi Tokou Dari, originaire du milieu. Ce richissime homme d’affaires n’est pas moins un philanthrope qui a investi des centaines de millions dans les œuvres caritatives. Orphelinat, collège, centre de santé, mosquées…sont autant d’infrastructures sociocommunautaires sont construites par ce député. Il a aussi financé personnellement des frais d’études pour plusieurs étudiants dans les villes de Parakou, Malanville, Kandi. Il peut aussi compter sur le soutien de la forte communauté Haoussa de la commune de Bohicon où il dispose d’une forte popularité.  De 2006 à 2011, le président Yayi a perdu du terrain dans le nord. La situation n’est pas plus reluisante pour lui dans le sud où, en dehors de Me Adrien Houngbédji, candidat unique de l’Un, plusieurs autres petits candidats sont contre lui. Dans ce lot, on peut citer Marie Elise Gbèdo, Jean Yves Sinzogan, Christian Lagnidé, François Xavier Loko, le communiste Philippe Noudjènoumè, Victor Topanou(son ancien ministre de la justice), Janvier Yahouédéhou et bien d’autres.  Au total, sur les 21 candidats encore en lice, Boni Yayi ne peut compter que sur Joseph Biokou et le député Joachim Dahissiho dans une moindre mesure. Le premier est un des lieutenants du changement dans la ville de Porto-Novo où il a créé le cercle « Le Grand Ouémé » afin de mobiliser les filles et fils de l’Ouémé. Le second est un député de l’opposition qui a rejoint naguère le pouvoir et qui semble être à la quête d’affranchissement politique. Dans un tel schéma, il sera difficile à Boni de bénéficier du soutien nécessaire au second tour pour gagner les élections surtout que l’Un et la coalition Abt gagnent chaque plus de terrain. Boni Yayi a le dos au mur et aura du mal à renverser cette tendance.

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