L’homme contre la machine. Éternel combat fantasmé par les romans de science-fiction, incarné à merveille à l’écran par ce pauvre Dr. David Bowman luttant contre la logique de HAL-9000 dans 2001, l’Odyssée de l’Espace et rendu réel en 1997 par l’affrontement mythique entre Garry Kasparov, génie des échecs et Deep Blue, supercalculateur d’IBM et bourreau de la confiance et des positions du champion russe.
IBM justement, fait reprendre du service à ses circuits doués d’intelligence pour dominer l’homme… au Jeopardy ! Nom de la création cybernétique, Watson, en hommage au fondateur d’iBM, Thomas J. Watson. Le célèbre jeu télévisé américain où il s’agit de trouver le sujet ou la question se rapportant à une réponse donnée a été le théâtre d’un événement sans précédent : Ken Jennings et Brad Rutter, ses deux plus grands champions (comprendre aussi « qui ont amassé le plus d’argent en enchaînant les victoires ») opposés à un troisième larron, le supercalculateur Watson. Bien moins imposant que le Deep Blue de Kasparov, Watson (qui pose ci-dessus avec son directeur de projet, David Ferrucci) nécessite tout de même lui aussi une pièce de plusieurs dizaines de mètres carrés pour être installé. Derrière le pupitre de participant à Jeopardy, se tient alors un écran relié à l’interface ainsi qu’à un système lui permettant d’interagir avec son milieu. Compréhension de l’environnement, voix, échanges avec le présentateur… Dans ses systèmes, Watson embarque des milliers de bases de données dans de multiples domaines (politique, art, géographie, économie, histoire, etc.) ainsi que des dictionnaires.
Face aux deux génies de la question retournée, Watson n’a pas fait de quartiers :
Coup d’essai original, cette séquence est en réalité une répétition de la future opposition réelle qui aura lieu en février prochain. Si Watson remporte la partie avec « seulement » 1 000 dollars d’avance sur Ken Jennings, on peut dans la vidéo apercevoir des séquences sur le moniteur de contrôle lourdes de sens : Watson avait la bonne question pour chaque réponse.
Trois secondes pour gagner
Les diagrammes présents sur les moniteurs imagent le raisonnement de Watson. Il est d’ailleurs assez fascinant de voir à l’œuvre « l’esprit » d’une machine tentant de mettre à mal l’Humanité. A chaque problème, il analyse chaque mot dans ses dictionnaires et prend en compte les formes de langages et comprend le contexte pour adapter sa réponse. Ces étapes apportent à chaque fois 3 réponses classées par ordre de pertinence. Tant que la première n’obtient pas un taux de confiance suffisant, Watson ne répond pas. On voit ainsi que pour chaque partie, les bonnes réponses sont toujours dans son choix de prédilection.
Une décision qui peut prendre jusqu’à trois secondes entre le moment où le présentateur a fini l’énoncé et celui où Watson se décide à « buzzer » et répondre. C’est ici que l’humain peut battre Watson, dans ces trois secondes. Mais la force, encore une fois, de la réalisation d’IBM, est que ces milliers d’opérations sont réalisées simultanément. Une première qui permet à Watson d’assimiler en direct et de réagir.
Humble, Watson ne fête sa victoire qu’en changeant la couleur de son avatar affiché sur l’écran. Mais devant l’étalage des capacités de cette machine, il ne reste plus à IBM qu’à miniaturiser le système pour lui donner, selon les points de vue, un air de nos plus grands rêves de science-fiction… ou de nos plus grands cauchemars.