On ne devrait pas permettre au candidat à la fonction présidentielle -encore en poste– quel qu’il soit et dans le cas d’espèce, Boni Yayi, de continuer à présider, en sa qualité de président de la République, les cérémonies de pose de premières pierres. A deux semaines voire à une semaine du premier tour de scrutin! Pour inaugurer les marchés et les constructions de routes, comme cela a été le cas, la ces semaines dernières sur l’ensemble du territoire, du nord au sud et de l’est à l’ouest. Que d’emblée, celui qui veut assimiler une telle récrimination aux «grognes» de l’opposition le fasse pour se mettre à l’aise. Sans chercher à perturber les bonnes gens, sincères, épris de vérité et soucieux de la bonne marche de notre pays vers le progrès social. Ceux qui connaissent et qui ont suivi notre parcours, depuis deux décennies que durent l’aventure démocratique au Bénin et notre pratique professionnelle dans les medias, les gens de l’opposition en tête –hier au pouvoir- devraient savoir et témoigner pour nous, contre ce raccourci d’accusation facile. Cela dit, une telle permission- disions-nous- accordée au candidat du pouvoir, même si elle émanait de la loi, relève de la politique du deux poids, deux mesures. Et indique à suffisance l’insuffisance ou l’exagération de la Loi fondamentale adoptée en décembre 1990. En tout cas, l’inadéquation de la Constitution avec les vrais enjeux de l’état de droit voulu par le peuple est avérée. Entre autres, l’usage qui est fait de l’article 68, la déclaration des biens et en aval la reddition des comptes –dispositions anodines mais très importantes- restent vagues dans leur application. La vérification de la conformité du quantum des frais de campagne à la prescription de la loi sont lettres mortes. Personne, en tout cas, du Bénin profond ne sait vraiment pas grand-chose de l’aboutissement de ces procédures. Pour autant qu’elles soient ouvertes. Dans une situation juridico-politique où la Cour constitutionnelle saisie a donné raison à Feu le président Maurice I. Kouandété, le gouvernement du président Nicéphore D. Soglo –en 1995, si nos souvenirs sont bons- n’a jamais été appliquée, donc pas respectée sous Hercule. Il aura fallu l’arrivée au pouvoir du Kaméléon, son cousin, pour que le plaignant trouve grâce aux yeux du garant de notre Constitution. On se rappelle les nombreuses réserves formulées en son temps par des formations politiques telles que l’ADP, l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès; le Parti communiste du Bénin (PCB), parti de référence pourtant admis en matière de luttes de libération y avait porté aussi ses réserves. Peut-être, à son habitude, avec beaucoup de véhémence. Dans le processus de son adoption, par voie référendaire, certaines entités politiques et de la société civile avaient accueilli l’acte constitutionnel en le frappant de la consigne du «Oui, mais…» passée à leurs militants. Deux paramètres ont lourdement influé sur la qualité de la Loi fondamentale de décembre 1990. D’une part, le contexte de l’adoption dudit texte en est pour beaucoup dans ces ratés attaquables avec le recul et critiquables comme toutes œuvres humaines. En son temps, on se souvient qu’il fallait vite faire pour «décharger» Feu Mgr Isidore de Souza de son lourd «fardeau républicain» endossé dans l’intérêt de son pays. Selon nos sources, sans l’onction véritable du Saint Siège. Malgré les imperfections dénoncées, le prélat a foncé droit devant en militant activement pour le passage en force de la Loi, lequel passage en force lui a réussi. D’autre part, l’audience des «pères fondateurs» a pesé sur la qualité de la Constitution béninoise. Les acteurs sociopolitiques de l’époque et le pays entier ont accordé trop de confiance aux éléments du pouvoir constituant qui ont pondu le texte, comme s’ils avaient la science infuse pour ne pas se tromper. Ces derniers ne sont plus à présenter mais il demeure que ce sont des êtres humains perfectibles. Surtout si, comme on le sait, ils ont amplement repris pour nous des normes et dispositions des Constitutions d’autres systèmes de valeurs provenant d’autres cultures. Après vingt ans de pratique de notre Constitution, il urgeait de marquer une pause en vue d’un toilettage du texte fondamental. Récemment, des voix s’étaient élevées pour exprimer la volonté d’adapter le texte constitutionnel au goût du jour et en profiter pour le modifier dans l’intérêt du pays. Tous en conviennent. Mais il reste à sauter le pas. En attendant d’y arriver, biens des esprits malins tapis parmi nous peuvent allègrement violer leur serment en allant, en semaine, délibérer au nom de la République en leur qualité de Conseillers d’institutions républicaines, pour ensuite aller battre campagne le weekend, prenant ainsi position pour les uns contre les autres. Faisant fi du principe basique de l’obligation de réserves. Le dernier cas en date est celui de l’inénarrable président de l’auguste Cour constitutionnelle. Robert Dossou aura été, en tout cas de mémoire de citoyen, le premier responsable de cette institution à venir –déjà- parler d’une décision de sa juridiction sans pouvoir aller au fond de la question. Or, précisément, le sujet suscitant la levée de boucliers, il est attendu, à son sujet, un ou des débats contradictoires équilibrés qui mettent aux prises un aréopage d’invités tenant compte des opinions en présence. Me Robert Dossou, juriste de haut rang, aurait-il pu prendre part à un tel plateau? Si oui, il faudra exiger de lui de revenir au galop afin que justice soit rendue. Si, non, inutile d’invoquer la Constitution pour se débiner. Le fait est là, l’homme a délibérément bravé les interdits qu’il mérite le châtiment de l’exposition aux débats à plusieurs contradicteurs. Pour que cela lui apprenne à vivre. |
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dimanche 27 février 2011
Campagne de la honte, esprit de violation!
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