Des échauffourées se sont produites dimanche sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, entre militaires et des manifestants refusant de quitter les lieux, emblématiques de la révolte qui a abouti vendredi au départ du président égyptien Hosni Moubarak. Un millier de policiers ont par ailleurs manifesté devant le ministère de l'Intérieur, pour réclamer de meilleurs salaires et conditions de vie.Lire la suite l'article
Des membres de la police militaire, en béret rouge, ont fait reculer les manifestants vers les trottoirs. Mais au centre de la place, la circulation automobile a repris, pour la première fois depuis le début du soulèvement le 25 janvier.Dimanche matin, l'armée a commencé à évacuer les tentes sur la gigantesque place, où campaient encore des centaines de manifestants. Des altercations ont éclaté entre militaires et de jeunes manifestants refusant de partir et réclamant des garanties à l'armée qui assure la transition.
"Les militaires essaient de faire sortir les gens de la place, mais ils ont refusé, parce qu'ils ont toujours des revendications et qu'ils ne bougeront pas jusqu'à ce qu'elles soient satisfaites", a expliqué un protestataire, Chaouki Mohammad. "Mais les militaires sont des gens très bien, ils ne vont pas faire du mal à la population", a-t-il ajouté.
D'après Ramy Mohammed, cependant, certains militaires ont frappé des manifestants à coups de bâton pour tenter de les déloger. "On scandait des slogans pacifiquement", dit cet homme de 28 ans, sur la place Tahrir depuis le 25 janvier. "Ils voulaient enlever les tentes, mais nous on veut toujours des garanties. Le dernier communiqué de l'armée était vague, et ils ne nous ont pas dit exactement ce qu'ils vont faire". Achraf Ahmed, un autre manifestant, souligne être là "parce que je veux la liberté. Elle n'est pas complète".
Après une nuit de fête pour célébrer le départ de Hosni Moubarak, le grand ménage de la place Tahrir avait commencé samedi matin. Les véhicules calcinés et barricades ont été dégagés, tandis que des dizaines de volontaires, hommes et femmes munis de balais et sacs poubelles, ont nettoyé détritus et gravats.
Par ailleurs, un millier de policiers ont manifesté dimanche devant le ministère de l'Intérieur, pour réclamer de meilleures conditions de vie. Des incidents se sont produits avec des militaires qui tentaient de les disperser. Certains soldats ont tiré des coups de semonce, en l'air, mais se sont par la suite retirés pour éviter des affrontements.
"C'est notre ministère", ont crié des policiers. Nombre d'entre eux affirmaient également ne pas être responsables de la répression qui a tué fin janvier de nombreux manifestants. Débordée par les manifestations, la police avait fini par déserter complètement les rues pendant plusieurs jours.
"Tous les ordres venaient de la hiérarchie, ce n'est pas de notre faute", a plaidé Said Abdel-Rahim, un policier. "C'est vous qui avez fait ces choses inhumaines. On ne vous fait plus confiance", a répliqué un passant. La police est honnie en Egypte, pour sa brutalité et sa corruption durant les années Moubarak. Les manifestants en appelaient pourtant à la solidarité de la population.
Samedi, la Coalition pour le changement, rassemblant les groupes de l'opposition et de jeunesse à l'origine du soulèvement, a annoncé l'arrêt de l'occupation permanente de la place Tahrir. Tout en appelant les manifestants à y revenir chaque semaine, après la grande prière du vendredi.
Pour la première fois, au cours d'une conférence de presse, la Coalition a également dressé la liste de ses demandes, dont la levée de l'état d'urgence, la formation d'un conseil présidentiel et d'un gouvernement d'union nationale, la dissolution du Parlement et la mise sur pied d'une commission chargée d'écrire une nouvelle constitution.
Elle a également réclamé des réformes garantissant les libertés fondamentales, notamment de la presse et le droit de constituer librement des partis politiques. Elle veut enfin l'ouverture d'une enquête sur les accusations de corruption au sein du régime et que les responsables de décès de manifestants soient traduits en justice.
Le Conseil suprême des forces armées désormais au pouvoir en Egypte s'est engagé samedi à une transition pacifique, promettant de passer à terme le relais à un pouvoir civil élu, sans toutefois fournir de calendrier.
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