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dimanche 6 mars 2011

Noirs africains de Libye : une bande de pestiférés !

Ces gens-là sont des bêtes sauvages ! Rassurez-vous, ce n’est pas moi qui le dis, ni le pense. Mais depuis environ trois semaines que le tourbillon de révoltes du monde arabe a touché la citadelle libyenne, cette réflexion se fait jour de plus en plus ouvertement. Dans les mots et dans les actes des insurgés. Et pas seulement. Les Noirs de Libye sont aujourd’hui dans l’œil du cyclone. Simples migrants, chercheurs d’aventure ayant répondu à l’appel du large pour les uns, mercenaires véreux soucieux de sauver leur commanditaire pour les autres, ils sont des milliers à raser les murs libyens ou arpenter les rues.
Les uns à la recherche du salut, les autres à la quête de scalps rebelles. Ils sont soudanais, tchadiens, nigériens, maliens, sierra-léonais, libériens… Partout où ils passent en Libye par ces temps de guerre civile, nul ne veut voir en eux de pacifiques immigrés. Ils passent pour être la principale branche armée sur laquelle le clan Kadhafi fonde la survie de son régime. De fait, il n’est pas faux que depuis des temps immémoriaux, le Guide libyen dispose de sa « légion étrangère ». Fidélisée à coups de pétro-dinars et spécialisée dans la déstabilisation des régimes politiques voisins de la Grande Jamahiriya, mais défavorable à la politique extérieure de son gouvernement. Ces gens-là sont les « bêtes sauvages » que le Colonel Mouammar Kadhafi lance aujourd’hui, face aux nombreuses défections dans son armée, à l’assaut de son peuple réduit à l’état de « rats » et de « microbes ». Ces gens-là ne s’en comportent pas moins comme des bêtes sauvages. Ils volent, violent, massacrent les pauvres libyens insurgés. Qui ont osé revendiquer un peu plus de justice, de liberté, d’égalité. Ils tuent au nom du Guide, mais aussi en leur intérêt propre. Car leur avenir est intimement lié à celui du clan Kadhafi. De son rapport privilégié au pouvoir. De la sauvegarde de ses privilèges.
A côté de ces Noirs de Libye, dont il serait faux de penser qu’ils sont les seuls mercenaires au service du pouvoir, les autres. Ces pauvres jeunes gens qui un jour, dans leurs villages reculés africains, ont entendu dire que le pétrole coule à flot au pays du Guide et ont décidé de tenter l’aventure. Ces immigrés, clandestins pour la plupart, arrivés en Libye pour faire fortune et employés le plus souvent dans les secteurs d’activité les moins valorisants. Ceux que les Libyens dédaignent. Ces pauvres noirs qui de temps à autre, servent de faire-valoir et sont expulsés manu militari du pays lorsque le Guide veut faire porter le chapeau de l’insécurité et du manque d’emploi à l’immigration clandestine. Ces gens-là, aujourd’hui en Libye, sont perçus comme des bêtes sauvages. Et traités comme tel. Les insurgés ne tentent plus en effet de distinguer entre mercenaires à la solde de Kadhafi et pauvres immigrés en perte de repères. Pour peu qu’ils sont soupçonnés d’appartenir à la milice du Guide, ou dès que l’on trouve en leur possession des armes qui n’étaient censées servir qu’à leur protection, ils sont arrêtés, lynchés, exécutés.
Le racisme en Libye, du fait de l’insurrection et de la contre-insurrection, a pris des proportions effrayantes. Il ne fait pas bon être Noir sur la terre arabe de Libye par les temps qui courent. Alors question : que diable font les Etats dont sont ressortissants ces pauvres bougres livrés à la vindicte des émeutiers ? Où se trouve la fameuse Union africaine dont je ne perds même pas mon temps à exiger une condamnation des actes de barbarie commis par les forces loyales au Guide Kadhafi ? Si individuellement, les Etats ne disposent pas des moyens logistiques pour organiser l’évacuation de leurs ressortissants, ne revient-il pas à l’organisation panafricaine ou tout au moins aux organisations sous-régionales de prendre les dispositions requises pour voler au secours de ces personnes prises au piège ? Non, personne ne bouge. « Ces gens-là sont des bêtes sauvages ! ». A quoi bon s’en occuper ?!
Sauf que parmi ces gens-là, tristement abandonnés à leur sort, il se trouve l’oncle de quelqu’un, le père de quelqu’un d’autre, l’épouse d’un autre encore. Et si rien n’est fait pour eux, un drame dans le drame libyen viendra éclabousser, ce ne serait pas inédit, le « syndicat des Chefs d’Etat et de Gouvernement » de l’Union africaine dont le généreux arrosage en pétro-dinars par le Guide libyen ces dernières années explique à n’en point douter ce silence assourdissant. C’est cela l’Afrique dont nous rêvions. Les Etats-Unis d’Afrique de Mouammar Kadhafi. Nous y serions tous des « microbes », des « rats » ou des bêtes sauvages ».

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