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vendredi 4 février 2011

Les rumeurs inquiètent les expatriés français en Égypte



A leur arrivée à Chypre, des employés de l'ONU évacués d'Egypte sont escortés par des casques bleus.
A leur arrivée à Chypre, des employés de l'ONU évacués d'Egypte sont escortés par des casques bleus. Crédits photo : Petros Karadjias/AP

9.600 Français vivent en Égypte. En l'absence de consignes, certains ont décidé de quitter le pays par leurs propres moyens.

L'inquiétude et la confusion règnent dans la communauté française d'Égypte, qui rassemble quelque 9 600 expatriés. Les Français du Caire ont appris jeudi matin par France 24 que François Baroin les appelait à «revenir dans les meilleurs délais», puis Michelle Alliot-Marie a finalement indiqué qu'il n'y a «pas d'évacuation» prévue. Certains, pris de panique, ne veulent plus rester. La nuit de mercredi à jeudi les a décidés. «Des milices se sont formées dans mon quartier cette nuit. Des civils nous demandaient nos papiers. J'ai refusé. Peu après, un groupe d'une dizaine de personnes a fracturé la porte de mon appartement, l'un d'entre eux était armé d'un sabre. Heureusement, des militaires sont arrivés à temps», relate, fébrile, une étudiante qui vit pourtant au Caire depuis un an et demi. Des rumeurs anti-étrangers se sont répandues, relayées par la presse égyptienne. Dès ce matin, cette étudiante a préféré se précipiter à l'aéroport, affronter les multiples barrages routiers improvisés et prendre le premier avion en direction de Paris. En appelant l'ambassade pour la prévenir de sa mésaventure, elle s'est vu répondre : «C'est pas la guerre non plus !»

«Ça va empirer»


L'ambassade est vivement critiquée par certains ressortissants pour sa gestion de la crise. «Ils ne font rien, ils nous disent juste “vous êtes en sécurité en Égypte”. Ils sont à côté de la plaque», se désole une jeune maman qui a prévu de partir dès samedi. Respecter le couvre-feu et éviter de sortir sont les seules consignes données. Le Parisien rapportait jeudi qu'un diplomate a comparé les manifestations au Caire avec les défilés du 1er Mai à Paris… Régine Prato, une représentante de la communauté française, vivant en Égypte depuis vingt-huit ans, tempère : «Les personnels de l'ambassade font ce qu'ils peuvent, ils ont déménagé au moment même où les émeutes débutaient ! De plus, on leur a enlevé beaucoup d'agents ces derniers mois.» Le vrai problème serait, selon elle, «les contradictions» du gouvernement français sur l'attitude à suivre. La nouvelle de l'évasion de plusieurs milliers de prisonniers au nord du Caire n'a pas calmé non plus les esprits.
En l'absence de consignes claires de la part des autorités françaises, certains ont décidé de partir dès aujourd'hui par leurs propres moyens. D'autres sont fortement incités par leur entreprise à quitter le pays avec leur famille.
L'importante communauté française du quartier du Maadi, où se trouve le lycée, veut se persuader d'être en sécurité dans son enclave. «Des chars sont postés à l'entrée des rues. Nos bawabs (gardiens d'immeuble) sont surarmés. Des citoyens se sont constitués en sortes de milices et filtrent les entrées», se rassure Régine Prato. Mais pour Jean-Claude Aunos, photographe et responsable d'une association de parents d'élèves du lycée français, «ça va empirer». Du coup, il se demande s'il doit partir, lui aussi. «En deux jours, l'atmosphère a totalement changé. Aux scènes de joie ont succédé, cette nuit, des tirs d'armes automatiques.»
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